L’égocentrisme, sûrement la pire des choses pour la confiance en soi
Aucune chose dépend moins de soi que la confiance en soi. Si la confiance est une sorte de foi en soi elle est bien loin de tout rapporter à soi, elle est loin de l’égocentrisme.
La confiance en soi commence quand on cesse de se croire le centre du monde et qu’on comprend que ce que l’on est positivement dépend seulement de la confiance que l’on accorde au monde dans notre relation avec lui.
Nous pouvons nous faire confiance dès que nous comprenons que nous pouvons être aussi stables et fiables qu’il l’est lui-même. Ainsi il ne peut y avoir le monde d’un côté et notre ego de l’autre. Il ne peut y avoir que confiance, même au cœur du danger.
Il ne peut y avoir qu’une sorte d’unité fiable, un lieu où on peut être ce que l’on est sans craindre de perdre la relative sérénité de sa position. Relative car rien n’est jamais acquis, et surtout pas la sécurité : il ne s’agit pas d’« avoir de la confiance » comme on possède un objet précieux ou utile. Il faudrait plutôt voir, à l’inverse, que nous n’avons rien à perdre à oser être nous-mêmes, sans laisser l’égocentrisme s’installer.
Être soi-même n’est pas un gain ni un avantage, c’est une position authentique qui permet de ne pas être surpris par quelque changement extérieur que ce soit, et donc d’y répondre naturellement, sans peur, passion excessive ou calcul.
Notre propre façon d’être ne peut que rejoindre un aspect de n’importe quelle situation extérieure et notre façon de l’affronter détermine la relation vraie et efficace qui peut s’instaurer dans tel ou tel contexte, même difficile en apparence.
Mais le plus important est évidemment la relation à soi-même : celle qui consiste à s’accepter tel que l’on est, sans chercher à ressembler à un modèle où à correspondre à une idée de soi-même, ce qui est à la base de l’égocentrisme, d’une identité, d’une image de soi construite autour d’un ego, défensif-sécurisant contre la peur, l’échec, l’inconnu ou la souffrance.
L’ego, ce centre artificiel pourvoyeur de plaisir, de compensation, de valorisation, dont l’exigence insatiable de perfection nous fait perdre toute confiance en nous, fait courir d’une illusion à une autre, d’une peur à une autre tout en maintenant un niveau maximum « d’autisme » : voilà pourquoi l’égocentrisme est bel et bien le contraire de la confiance en soi !
Le soi n’est pas un dispositif, c’est un être, le nôtre, proche de notre propre ego.
